Sant’Ana: la Septième Colline de Lisbonne
La Colina de Santana au cœur de Lisbonne est peu connue. Sans château, ni cathédrale, elle est discrète parmi ses consœurs. Privée de station de métro ou de tramway, seul un funiculaire de 1884, le premier de la ville la dessert.
Pour la trouver, rien de plus facile, le funiculaire de Lavra part à côté d’un des restaurants les plus stylés de Lisbonne, le Solar dos Presuntos, là où ont dîné des stars comme Cristiano Ronaldo. Mais pour déguster la même authentique cuisine portugaise sans casser la tirelire, il suffira de grimper sur le sommet de la colline.
Dès l’arrivée du funiculaire, tournez à gauche jusqu’au jardin de Torel, facilement repérable grâce à ça (vous l’aurez deviné) tour. Là, profitez d’une des plus belles vues sur la ville depuis son fameux mirador.
Et la visite continue. Remontez la ruelle du même nom et puis tournez à gauche. S’ouvrira une place, cette fois dédiée aux martyres de la patrie: un joli parc, un étang plein de canards, des jeux et piques-niques plein air avec un kiosque et des « gelati » faits maison à l’angle. Vous passerez sûrement devant une majestueuse statue décorée d’ex-voto trônant devant la Faculté de médecine. C’est celle du défunt docteur Sousa Martins qui guérit encore à travers les songes.
Santana a trouvé sa vocation, car elle abrite cinq hôpitaux, d’anciens couvents qui ont résisté au terrible tremblement de terre de 1755.
Convertis en centres hospitaliers, on y soignait entre autres les maladies dites « honteuses » comme le témoigne l’excellent musée et pavillon panoptique du centre psychiatrique Miguel Bombarda.
Par ailleurs, lors de la reconquête de la ville en 1147, le jeune Afonso Henriques et ses croisées s’installèrent sur cette colline pour mieux préparer le siège de Al-Usbuna, maure depuis quatre siècles. La Tour du jeu de balle (Torre do Jogo da Péla) est un des rares vestiges de la muraille qui entourait la ville devenue chrétienne au XIVe siècle. Si vous descendez le long des pavées de Santana, tournez à gauche dans la Calçada Nova do Colegio et vous l’apercevrez.
Le couvent de Santana du XVIe siècle abrite aujourd’hui un institut de recherche et une bibliothèque.
Sachez tout de même que les archéologues ont découvert un objet unique et pernicieux dans ses tréfonds, une boîte chinoise avec des motifs érotiques! En effet, à l’époque, les couvents étaient des lieux pleins de vie, où l’on concoctait des remèdes à partir des plantes, on cuisinait de savoureuses pâtisseries comme les fameux « pasteis de nata » et où l’on pouvait même organiser des rencontres intimes autour d’un bon « cozido », le pot-au-feu national.
Rencontrez Santana comme une villageoise. Prenez le temps de découvrir les petites boutiques, sa galerie d’art, ses cafés et restaurants typiques. La calçada de Santana est parsemée de maisons de toutes les couleurs, dont celle où est décédé le fameux écrivain Luís de Camões au numéro 141, et celle où est née la chanteuse Amalia Rodrigues, au numéro 84.
Le bout de la rue Santana vous mènera au-delà des océans, avec plusieurs restaurants asiatiques et magasins ethniques africains, jusqu’à la place de São Domingos et son petit marché africain. Notez le Palais de l’Indépendance sur la droite, reconnaissable par ses deux cheminées blanches et le délicieux fumet de son restaurant encore peu connu des touristes. Alors, gardez tout ça pour vous!
Auteur - David Kong
Photographies - David Kong